HETSR / "APOSTROPHE-EMPRISE (l’apostropheur et son apostrophé)" 

Kursangebot der Partnerschulen HETSR in Lausanne
Nummer und TypMTH-MTH-ERK-PART-01.17H.006 / Moduldurchführung
ModulPartnerschulen 01 ECTS 
VeranstalterDepartement Darstellende Künste und Film
LeitungAlban Lefranc
OrtLa Manufacture, Lausanne / Studios 5 et 6
Anzahl Teilnehmende5 - 12
ECTS1 Credit
Lernziele / Kompetenzen
  • mise en forme sous influences de l’oralité
InhalteJe parle pour te corrompre, pour te fasciner, pour t’entraîner où tu ne veux pas. Quelles sont ces « apostrophes-emprise », ces paroles qui se jettent au cou d’autrui, pour témoigner, le retenir un peu, le compromettre, l’aimer, l’insulter, le tuer, et parfois tout cela à la fois ?« This terrible desire to establish contact », dit Katherine Mansfield. Chez Dostoïevski, où tout est parole sans cesse, on est prêt à s’arracher un bras pour être vu, reconnu un peu, sortir de son gouffre. « Je suis seul tandis qu’eux, ils sont tous », déclare le narrateur des Carnets du sous-sol. Les personnages deviennent alors de simples supports d’affects, porteurs d’états profondément ambivalents et contradictoires. Comment parle l’apostropheur ? Comment réagit ou non l’apostrophé ? A-t-il le choix ?

Le contact établi est d’abord une injonction de confirmation qui concerne avant tout l’apostropheur. L’apostrophe demande de rendre des comptes, avec un marchandage sous-jacent :
  • si tu ne réponds pas, c’est que tu n’as rien à dire
  • si tu réponds, tu n'as pas d'autre choix que d'être d'accord, non pas sur ce que je dis, mais avec la base sur laquelle je dis cela.
Le socle de l’apostrophe-emprise n’est pas d’établir le contact, mais de conditionner l’existence même de l’apostrophé à l’inclusion dans un ensemble discursif déjà construit, dont la base est supposée acceptable. Une apostrophe ne peut en aucun cas laisser la place à la délibération intérieure, à l'analyse de ce qui est dit, à la construction d'une réponse, d'ailleurs l'apostropheur ne veut pas de délibération, il veut tout de suite compter ses troupes. L'apostropheur n'est pas en position de ne pas apostropher. Il doit le faire. Il a besoin de le faire pour faire avancer sa cause, quelle qu'elle soit. Il est dans l'urgence d'une confirmation, dans le besoin immédiat d'assurance. Il lui faut n'importe quel acquiescement, même le plus faible. "Ah ! vous voyez ! " c'est son cri de victoire, et sa défaite est impossible. Il a déjà son idée, il ne veut rien savoir.

Evidemment il y a des apostropheurs professionnels, dont les prises de paroles ne peuvent jamais sortir de ce mode, et puis d'autres qui utilisent l'apostrophe parmi d'autres figures possibles. On interrogera les formes rhétoriques du pouvoir aujourd’hui, sa façon de se réaffirmer tout de suite et maintenant, sa force de sidération.

L’apostropheur ne veut pas d'un contact, il n'y a qu'un corps indistinct. Les contours du corps de l'apostropheur ne sont pas définis. C'est comme un pur cri sans fin. L'apostrophé, lui, a un corps dont il sent avant tout la finitude programmée.

On ira chercher des exemples d’« apostrophes-emprise » aussi bien chez les prophètes de l’Ancien Testament que dans le roman, le théâtre ou le cinéma, à des moments historiques très éloignés, avec le désir de télescoper des textes (et des images) aux statuts très différents. Chez Patrick Boucheron et Carlo Ginzburg, on trouvera une réflexion stimulante sur les représentations du pouvoir, quand l’apostropheur se passe de parole et devient puissance de stupéfaction, de fascination, de terreur.

Ce sera le point de départ d’un atelier d’écriture qui explorera des formes contemporaines de ces emprises ou tentatives d’emprise (le casting, l’interrogatoire, les injonctions publicitaires, les discours politiques).

Le module se déroule en trois temps à peu près égaux :
Présentation, analyse et discussion des textes et images apportés
Atelier d’écriture collective, tentative de mise en commun des textes produits
Analyse et discussion des résultats de l’atelier, réflexions sur une mise en espace des textes produits pendant l’atelier.
Bibliographie / LiteraturLes Carnets du sous-sol et L’éternel mari, Dostoïevski (Traduction d’André Markowicz)
Le Coran, dans les traductions de André Chouraqui et de Jacques Berque
Les Noms, traduction de l’Exode par Henri Meschonnic
La nuit juste avant les forêts, Bernard-Marie Koltès
La sorcière, Michelet
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Les techniciens du sacré, Anthologie de Jerome Rothenberg
Conjurer la peur : Sienne, 1338 : essai sur la force politique des images, Patrick Boucheron
Peur révérence terreur, quatre essais d’iconographie politique, Carlo Ginzburg
La raison graphique, la domestication de la pensée sauvage, Jack Goody
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Persona, Ingmar Bergman
Termine22.11. - 24.11.2017
Dauer09.00 - 13.00 Uhr & 14.00 - 18.00 Uhr
Bewertungsformbestanden / nicht bestanden
SpracheDeutsch